Contexte historique
La région qui nous traverserons s’appelait au XVIe siècle le Westkwartier, que l’on pourrait traduire par le quartier ouest (de la Flandre) et faisait partie des 17 provinces des Pays-Bas alors espagnols. Ce vaste ensemble qui s’étendait d’Arras à la Frise fut unifié par les ducs de Bourgogne. Le terme Westkwartier disparut lorsque la frontière actuelle fut tracée, séparant la région en deux.
Au XVIe siècle les grandes ville drapantes sont sur le déclin (Bruges ; Gand), mais les petites villes de l’ouest, grâce aux draps légers (saye), connaissent une forte expansion économique qui touche à sa fin dans le seconde moitié du XVIe siècle.
Les premiers luthériens sont signalés dans la région en 1521. De petites communautés anabaptistes apparaissent ensuite. Les réformés furent les mieux organisés, en particulier grâce aux pasteurs Pierre Brully et Guy de Brès. Les interdits royaux (placards), l’inquisition et les exécutions n’empêchent pas l’expansion de la nouvelle religion.
Lorsque Philippe II succède à Charles Quint, la situation se radicalise. L’opposition au pouvoir espagnol grandit, soit pour des raisons religieuses (persécutions des protestants), soit politiques (mise à l’écart de la noblesse dans le gouvernement des 17 provinces), soit sociales (contexte de crise économique et pression fiscale accrûe). L’audace des réformés est de plus en plus forte. Les prêches des haies, les hagespreken, rassemblent de plus en plus de fidèles, des centaines voire des milliers. Des hommes en armes assurent leur sécurité. La gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme, ne peut que constater la montée en puissance de la nouvelle religion. Les réformés profitent de la proximité des pays protestants, Allemagne, Angleterre et même le France (aide matérielle, refuge, lieu de formation). Une partie de la Noblesse passe à la réforme, tandis que les municipalités gagnée en partie par « l’hérésie » n’appliquent plus les placards. C’est dans ce contexte que du 10 au 18 août 1566, une vague iconoclaste déferle sur le Westkwartier. Du 20 au 24, les villes de Flandre (sauf Lille) sont touchées. Valenciennes et Tournai deviennent des bastions protestants, des Genève du nord. Fin août 1566, Marguerite de Parme passe un accord avec les protestants, qui autorise les prêches. Cette période de tolérance est néanmoins de courte durée. La liberté de culte est supprimée à la fin de l’année.
Les protestants prennent les armes, mais sont battus par les gouverneurs du Hainaut et de Lille. De plus le duc d’Albe débarque avec 10 000 soldats. La répression se fait en deux temps
Dans un premier temps, seuls les meneurs et iconoclastes notoires ont arrêtés (début 1567) mais avec la création du tribunal des troubles à l’été 1567, le répression se durcit. C’est dans ce contexte que se forme la bande des gueux des bois de Jean Camerlynck qui harcèle les troupes espagnoles et assassinent des prêtres (début 1568). Les troubles ne s’apaisent qu’avec le remplacement du duc d’Albe par l’habile Alexandre de Farnese. Le dernier bastion protestant Hondschoote tombe en 1580. Plus de mille réformés ont été exécutés et 30 000 auraient fui en Angleterre et aux Pays-Bas. La révolte des gueux des bois fut donc un échec. Les Gueux de la mer en Hollande eurent plus de réussite…
Info pratiques Église ouverte tous les jours de la semaine de 9h à 17h, sauf vendredi après-midi et week-end. |
Étape 1 Englos
Historique de l’église d’Englos
Nous voici dans le pays de Weppes, au point de départ de notre itinéraire. La petite église d’Englos est une des plus intéressantes de notre parcours. Le chœur roman a été construit au XIe siècle ce qui en ferait l’une des églises les plus anciennes du nord. Il s’agissait initialement de la chapelle d’un prieuré bénédictin qui abritait des reliques de saint Corneille. Le mur en pierre blanche de Lezennes repose sur une assise en grès. La date de construction de la nef fait débat. Pour certains, elle aurait été érigée en même temps que le chœur, donc au XIe siècle, pour d’autres à la fin du XVIe siècle lors d’un agrandissement de l’église. Le 15 août 1566, les Gueux d’Armentières et de Fourne en Weppes saccagent l’église. Ils sont sur les terres du baron de Rassenghien, également gouverneur de Lille qui fut l’un des plus redoutables adversaires des protestants. Il fit de Lille une citadelle de la contre-réforme et battit les milices des Gueux à Wattrelos fin 1566. En 1590 le prieuré et ses terres passent aux jésuites de Tournai. Ils ajoutent la chapelle dite de saint Corneille. On leur doit une grande partie du mobilier actuel. L’église fut endommagée pendant les deux guerres mondiales. En 1920, l’édifice est classé monument historique Cette église dédiée à Marie-Madeleine est la seule à avoir conservé des œuvres mutilées par les iconoclastes. En 1991 et 1995, des travaux de restauration ont en effet révélé des peintures murales dont on avait oublié l’existence.
Englos et les iconoclastes
Ces peintures murales ont été découvertes dans le chœur, datées grâce à leurs pigments et à leur style, de la fin du XVe siècle. A l’entrée du chœur sont encore visibles des personnages, les acteurs de la passion, tel Hérode représenté sous les traits d’un roi du XVe siècle et les objets de la passion comme les clous ou la colonne de la flagellation. Sur le mur nord du chœur, deux scènes distinctes sont encore visibles. A gauche une procession religieuse en plein air entoure un reliquaire porté. Il s’agit peut-être de la translation des reliques de Corneille. A droite des personnages en prière sont tournés vers une statue de saint dont il ne reste que l’auréole. Ils sont dans un sanctuaire au sol carrelé probablement l’église d’Englos. Des béquilles au sol rappellent la guérison de l’un d’entre eux, probablement le commanditaire de la peinture, un homme fortuné vue la valeur des pigments bleus et des dorures encore visibles sur la peinture. Le saint guérisseur est probablement Corneille. A droite de la fenêtre, on peut reconnaître l’église d’Englos vue de l’extérieur.Les dégradations des iconoclastes de 1566 sont nettement visibles. Les visages des personnages et la statue du saint ont été effacés et des coups de griffes sont encore visibles sur le mur. Les instruments de la Passion peints à la base de l’arc d’entrée du choeur ont disparu.
Englos et la contre-réforme
Les reliques de saint Corneille ont été apportées dès le Moyen âge, peut-être au Xe siècle, ce qui fait d’Englos un lieu de pèlerinage ancien. Le culte du saint est réaffirmée avec l’arrivée des jésuites à la fin du XVIe siècle. On leur doit le buste-reliquaire de saint Corneille, restauré en 1990, représentant non seulement le saint mais aussi le pape portant une tiare certes anachronique mais permettant de reconnaître le souverain pontife. L’arrivée des jésuites et l’exaltation de la hiérarchie catholique s’inscrivent dans le cadre de la contre-réforme. L’insigne des jésuites IHS est encore visible au fond du chœur. Vous pouvez également admirer le maître-autel du XVIIIe siècle.
Info pratiques Église ouverte toute la journée Musée en face, ouvert le troisième dimanche du mois de 14h30 à 17h, de Pâques à fin septembre. |
Étape 2 Nieuwkerke (Neuve-Eglise)
En route
Le mont Ravensberg qui culmine à 77 m était un endroit moins bucolique au XVIe siècle puisque s’y dressait le gibet de Bailleul. En 1568 bien des protestants furent condamnés à être conduit au Ravensberg et à être exécuté sur place. Le corps de ceux exécutés sur la grand-place était également exposé en ce lieu. Un calvaire fut érigé en 1909 au lieu-dit du zwarte molen (le moulin noir). D’abord destiné à rappeler la condamnation à mort de trois prêtres par les Gueux, il est aujourd’hui dédié à toutes les victimes des troubles religieux du XVIe siècle. Il est donc paradoxalement le seul monument qui commémore l’exécution de plus de mille protestants durant cette période ! La « tombe » qui commémore l’assassinat des trois prêtres de Reningelst fut construite en 1928 par le père Lamérant. Notons que l’un des prêtres, celui de Dranouter fut finalement épargné sur intervention de Hans Camerlynk, frère de Jean Camerlynck, le chef des Gueux des bois. A l’horizon les tours d’Euralille sont visibles par beau temps.
Traduction de l’épitaphe
Ici moururent, pour leur foi catholique, dans la nuit du 11 au 12 janvier 1568, les trois prêtres de Reningelst.
La dernière question des gueux fut : Voulez-vous renier la messe et promettre de ne jamais plus faire de messe et nous épargnerons votre vie. Et de répondre : Plutôt la mort !
Notez que le mot pastoor signifie prêtre
Autour de la grand-place
Au XVIe siècle Neuve-église était une ville drapante de 10 000 habitants. C’est ici, lors d’un « synode » que fut décidé par les protestants de prendre les armes en décembre 1566. La répression fut terrible, le « tribunal du sang » du duc d’Albe condamna 82 réformés de Neuve-église qui furent exécutés le 5 juin 1568. Beaucoup d’habitants de la cité émigrèrent à Leiden aux Pays-Bas et à Sandwich en Angleterre. L’église Onze Lieve Vrouw (Notre-Dame) détruite pendant la Première Guerre mondiale, a été reconstruite à l’identique en 1921. Elle possède des vitraux de 1924 relatant l’assassinat des trois prêtres de Reningelst par les Gueux avec cette inscription (en néerlandais) « le sang des martyrs est la graine des saints ». En face de l’église, l’ancienne mairie abrite un petit musée consacré au protestantisme. A l’étage se trouve une quarantaine de panneaux d’exposition relatant l’histoire du protestantisme en général et celle du Westkwartier en particulier. Remarquez avant d’entrer, au-dessus de la porte, le blason du comte d’Egmont. Il fut gouverneur de Flandre et seigneur de Neuve-église aux temps des Gueux. Il était catholique mais hostile à la politique de Philippe II et fut exécuté sur la grand place de Bruxelles.
Étape 3 Dranouter (Dranoutre)
L’église de Dranouter
Son église Sint Jan de Doper (Saint Jean le Baptiste) a été mise à sac le 12 janvier 1568 lors du retour des destructions des églises de Reningelst et de Locre. On y trouve aujourd’hui un grand tableau, peint sur toile, du Père Oscar Soenen réalisé en 1947 en guise d’épreuve pour son examen d’entrée à l’université de Louvain. Cette œuvre dans un style moderne montre les atrocités qui se sont déroulées dans cette région lors du passage des Gueux.
Le monument à Plancius
Petrus Plancius (Pierre Plaetevoet) est né en 1552 à Dranoutre. Sa famille proche de la réforme dut s’exiler en Allemagne et en Angleterre, mais devenu adulte, Plancius revint comme prédicateur en Flandre, à Bruxelles et à Malines. Après la défaite des Gueux des bois, il s’enfuit à Amsterdam. Il est connu pour être un cartographe, un astronome et l’un des fondateurs de la compagnie des Indes occidentales. La stèle en sa mémoire, une œuvre de 1973, se trouve derrière l’église.
Traduction
Prédicateur, cartographe, astronome, promoteur de la navigation maritime.
Info pratiques Eglise ouverte le mardi de 9h30 à 11h30. Autre curiosité : le Beffroi classé patrimoine mondial de l’humanité. Belle vue du sommet. Nombreux restaurants sur la grand-place. |
Étape 4 Bailleul
L'Établissement Public de Santé Mentale des Flandres (EPSM)
La ville de Bailleul fut détruite par un incendie en 1681 et par la guerre en 1918. Les monuments sont donc pour la plupart récents. En franchissant le panneau d’entrée de la ville, vous pouvez remarquer sur votre gauche l’EPSM construit à l’emplacement du couvent (ou commanderie) Saint-Antoine. Le seul vestige ancien en est le puits saint Antoine difficile à trouver, mais le parc est agréable et mérite un détour (dernière entrée en venant de Loker). En août 1566, (et en 1578) les Gueux détruisent méthodiquement les images du couvent. Le fait que le Prieur du lieu soit aussi inquisiteur peut expliquer leur acharnement.
L’église Saint-Vaast et ses abords
Le buste d’Edmond de Coussemaker (1807-1877) a été dressé par la ville en 1981 derrière l’église. Le fondateur du comité flamand de France est connu pour son œuvre en quatre volumes, « les troubles religieux au XVIe siècle dans la Flandre maritime » qui reste une référence en la matière.
L’église Saint-Vaast a été reconstruite en 1932 par Cordonnier dans un style romano-byzantin très différent du style antérieur, contrairement aux église belges qui ont été reconstruites à l’identique. Les vitraux retracent l’histoire religieuse de Bailleul. La chapelle absidiale est consacrée à la commanderie Saint-Antoine. Un vitrail représente les gueux des bois revenant de leur pillage (du couvent), portant une chasse et piétinant des vêtements liturgiques. Un autre vitrail illustre la création de la première chambre de rhétorique bailleuloise en 1492. Ces groupements de personnes écrivaient des poèmes, donnaient des représentations théâtrales et participaient à des concours, sur certains thèmes en particulier religieux. Elles furent un des vecteurs de diffusion de la réforme dans la région !
Un vitrail de la nef représente une assemblée réunie dans la chapelle du collège des jésuites de Bailleul. Cet établissement destiné à lutter contre le protestantisme par l’éducation, se trouvait à l’emplacement de l’actuel monument aux morts, en descendant vers l’école de dentelle.
Étape 5 Bambecque
Aire de repos saint Laurent
Du couvent Saint-Laurent, il ne reste qu’un lieu-dit, un calvaire et une aire d’autoroute ! Le couvent et la chapelle furent en effet vendus et détruits à la révolution. Le lieu néanmoins est pour nous d’importance, puisqu’il fut le point de départ de la crise iconoclaste, le 10 août 1566. Tout commence par un prêche dans les champs de Sébastien Matte. Nous n’avons aucun texte de ces prêches, mais l’on sait par d’autres sources que les prédicateurs y dénonçaient les idoles accumulées dans les églises. Jacques de Buyzere l’accompagnait avec des hommes en armes en raison des risques d’arrestation par les autorités. Le prêche terminé la chapelle est investie et ses images sont détruites.
Historique de l’église de Bambecque
L’église de Bambecque entourée de son cimetière est typique de la Flandre de la contre-réforme. L’église ayant été « en partie détruite par le passage des prétendus réformateurs appelés gueux des bois le 27 janvier 1568 », un nouvel édifice fut reconstruit en 1591-1614 dans le style Hallekerke. C’est une église avec trois vaisseaux ( la nef et les collatéraux) qui permet l’accueil d’un grand nombre de fidèles. La date de 1591 est gravée sur un arc du vaisseau sud. Le grès ferrugineux visible à la base de la tour-porche (tour à l’entrée par opposition à une tour au centre de l’édifice appelée tour-lanterne. Voir Killem) est une réutilisation . L’église est riche par son mobilier et ses retables.
Les retables de Bambecque
Le retable nord est dédié à la vierge, mais une grotte de Lourdes aujourd’hui dissimulée par un rideau, fut ajoutée au XIXe siècle. Le retable central est orienté vers le thème de la conversion. La statue du saint Omer, patron de la paroisse et évangélisateur de la région, est au centre. Il est entouré de personnages, en statues ou médaillons, qui ont en commun d’avoir été des missionnaires tels François-Xavier, jésuite missionnaire en Asie et Dominique qui lutta contre l’hérésie cathare au XIIIe siècle.
Le retable sud, le plus rutilent, est pour nous le plus intéressant. Il représente au centre Blaise recevant la mitre du ciel. Il est encadré de saint Éloi et de saint Nicolas (remarquez les trois enfants à ses pieds, ressuscités par la saint alors qu’ils venaient d’être « salés comme pourceaux » par un boucher peu regardant ! Au-dessus la foi terrassant l’hydre à trois têtes de l’hérésie est entourée (en médaillons) des autres vertus théologales, l’espérance et la charité.
Ce retable s’inscrit dans la logique de la contre-réforme à travers trois thèmes :
- la lutte contre l’hérésie qui depuis le XVIIe siècle a pris la forme du protestantisme.
- l’exaltation de la hiérarchie catholique : la fonction épiscopale est d’origine divine et les saints qui ne se reconnaissent pas à leur auréole mais à leur mitre sont tous des évêques.
- la foi, sous-entendue catholique, est réaffirmée. Le saint sacrement est mis en valeur avec le tabernacle devenu très visible au-dessus de l’autel et les représentations d’hosties consacrées.
Étape 6 Killem
Historique de l’église
La partie primitive de l’édifice en grès ferrugineux est encore visible sur la façade. Il reste de l’église romane ce pignon et trois colonnettes. L’église actuelle a été reconstruite à la fin du XVIe siècle en raison des dégradations liées aux troubles religieux mais aussi pour agrandir l’édifice. Primitivement en croix latine, l’église est alors transformée en hallekerke.
Les retables
Le retable nord représente la vierge portant l’enfant Jésus donnant le rosaire à Dominique. Le saint qui a combattu les cathares est à l’origine du rosaire, une prière considérée comme l’arme suprême pour lutter contre l’hérésie…Avec ses 15x10 « je vous salut », le rosaire est plus grand qu’un chapelet.
Au centre l’église catholique est représentée sous les traits d’une femme portant la tiare, animée par le Saint-Esprit sur la poitrine. En dessous saint Michel terrasse le mal faisant triompher la foi formulée par les pères et les apôtres (cf. les médaillons).
Le retable sud représente Nicolas mitré par deux anges. On retrouve au niveau de l’autel les trois enfants ressuscités par le saint. Nous retrouvons ici aussi les grands thèmes de la contre-réforme.
En repartant, remarquez sur votre droite la route du prekehouk, littéralement le coin du prêche, qui rappelle le temps où les protestants assistaient aux prêches dans les champs.
Étape 7 Hondschoote
La chapelle des Gueux
Cette chapelle expiatoire fut érigée en 1888 sur le lieu des prêches en plein air (1566) de Sébastien Matte. Lors de ces rassemblements, les protestants écoutaient la prédication, mais aussi lisaient la bible, chantaient des psaumes et assistaient aux spectacles présentés par les chambres de rhétoriques. Sébastien Matte prêcha à Bambecque, Killem, Hondschoote sa ville natale et saint Laurent, pour ne reprendre que des lieux que nous avons visités ! C’était un ouvrier textile, un homme du peuple et non un grand théologien formé dans quelque académie. En janvier 1567, un temple protestant étant érigé à Hondschoote, les prêches dans les champs disparaissent.
Hondschoote la protestante
L’hôtel de ville du XVIe abrite des panneaux avec les grandes dates de l’histoire de la ville. La période1566-1580 s’inscrit dans notre thème. Hondschoote qui compte aujourd’hui 4 000 habitants en comptait plus de 15000 au XVIe siècle. C’était alors une ville « industrielle » du sud des Pays-Bas espagnols. Les prédicateurs les plus connus s’y sont succédés tels Sébastien Matte, Jean Camerlynck et Jacques de Buyzère. La ville et ses environs furent parmi les derniers bastions à résister, protégés par la tolérance du comte d’Egmont. Le « nid le plus hérétique de Flandre » est néanmoins reconquis par le général espagnol Alexandre Farnèse en 1580. La cité devient partie intégrante de « la catholique Flandre » et voit arriver de nombreux ordres religieux (capucins, jésuites, franciscains…) .
L’église Saint-Vaast
L’église Saint-Vaast du XIVe siècle fut gravement endommagée par les Français en 1582, puis restaurée entre 1602 et 1620. Seule la tour blanche (witte torre) n’a pas été détruite et date de 1513. Deux retables vont y retenir notre attention. Celui de saint Sébastien du XVIIe siècle, droit sans ajout latéraux, est moins exubérant et plus sage que les retables du XVIIIe siècle. Il a conservé son autel d’origine, mais le tableau représentant le martyre du saint a été remplacé au XIXe siècle par l’icône actuelle. Il se trouve dans la nef sud adossé à la tourelle de l’escalier. C’est un des rares exemples de retables du XVIIe siècle.
L’autre retable qui mérite notre attention est celui de la vierge. Il apparaît comme une œuvre d’architecture avec des effets de perspective typiquement baroques (colonnes déformées, courbes et contre-courbes, niche très creusée). Dominique y reçoit le rosaire des mains de la vierge. Remarquez également la chaire la plus baroque de Flandre parait-il.